François d'Aspremont le pirate Ardennais

François d'Aspremont, (vers 1495 - Lumes, 1552), seigneur de Buzancy est un homme d'armes et tyran qui fut actif au cours de la première moitié du XVIe siècle

Né de Jean Ier d'Aspremont et d'Antoinette de Brandenbourgen, il épouse en 1521 Marie de Hangest. Sans enfant de cette première union, il se remarie en 1530 avec Marie de Haraucourt.

Il investit la même année les ruines du Château des fées et les transforme en demeure seigneuriale. Ce fort, avec celui de Lumes, lui permet de contrôler les voies fluviales menant à Charleville  et de rançonner bateaux et voyageurs.  C'est de là que lui vient sa réputation de pirate fluvial et son premier surnom de "cruel ennemi".

Revenu mécontent de la campagne d'Italie, où il avait servi François Ier , il fortifie la maison forte de Lumes (vers 1520), s'érige en souverain et s'affranchit de l'autorité des comtes de Rethel et du roi de France. Il se comporte en tyran et sa désobéissance finit par attirer le courroux de François Ier.

Il cherche dès lors à être indépendant du roi ainsi que du duc de Lorraine. En 1534, il réussit à conclure un mariage entre sa sœur Antoinette et René d'Anglure, sire de Bourlémont et de Conflans-Sainte-Honorine. En août 1535, il tente de refuser à François Ier l'accès au château de Lumes, mais doit céder. Il s'allie avec Charles Quint, intéressé par la position stratégique des domaines d'Aspremont. François d'Aspremont accepte de rendre hommage à un vassal de Charles Quint, le grand bailli de Hainaut.

Condamné à mort pour cette rébellion, il tient bon face aux troupes royales jusqu'en 1542, (pillant la région) année où il doit fuir. La trêve de Crépy-en-Laonnois, le 18 septembre 1544, efface sa condamnation et le rétablit dans ses terres. Il reprend une vie de pirate. Sa violence, sa propension à brûler les bateaux qu'il pille et sa soif intarissable d'or lui amène un nouveau surnom :  "Le Dragon Avide".

Les hostilités, cette fois entre Henri II, fils de François Ier, et Charles Quint, reprennent en mars 1552 avec le Voyage d’Allemagne.

Le château de Lumes accueille une garnison espagnole mais est attaqué. François d'Aspremont est blessé par un coup de lance durant cette attaque et en meurt quelques heures plus tard.  C'est la fin de l'avide dragon. Son histoire se termine, mais la légende continue.

Celle-ci prétend qu'il aurait, avant de mourir, transmi l'emplacement d'un fabuleux trésor (résultat de ses nombreux pillages)  à son homme de confiance, et probablement fils illégitime (qu'il aurait eu lors de la campagne d'Italie avec la mère supérieure d'un couvent de Toscane), Charles Asclar (de son vrai nom probable Carlo Sclara). Asclar, aurait décidé de perpétrer la mémoire de son père en créant un groupe secret composé de ses hommes les plus fidèles : La confrérie du Dragon Avide. Les informations sur cette guilde sont peu nombreuses. La seul source est un témoignage écrit en 1590 retrouvé et conservé dans les archives de Charleville-Mézières

"La Saint-Jean venue, nous nous sommes à nouveau réunis en ce lieu. Moins nombreux que l'année dernière mais probablement plus que la suivante. Les harcèlements réguliers des troupes royales et des Ligueurs font des dégâts dans notre groupe. Il est vrai que certains d'entre nous leur ont causé quelques problèmes... Comme chaque année le descendant Asclar (Guillaume depuis deux années) ouvre la réunion. Chacun vente ses méfaits autour d'une bouteille. Le tout est inscrit dans notre livre puis,  la moitié du résultat de nos larcins est mis en commun dans le trésor de la confrérie. Même mort, le dragon reste avide..."

Auteur inconnu

La date du document laisserait à penser que le culte se serait prolongé sur plusieures générations. N'existant aucune trace de son erradication ou de sa dissolution on peut imaginer que les membres du Dragon Avide ont été détruits dans un quelconque conflit. On peut toutefois égalment penser que le culte a su rester secret et ainsi survivre de nombreuses années.